dimanche 21 mai 2017

LE SOMMET DES ENTREPRENEURS AFRICAINS A PRIS FIN HIER À ALGER L'Afrique table sur sa jeunesse

L'Afrique est un continent éligible au statut de locomotive de la croissance mondiale, mais elle doit prendre et ses atouts et ses handicaps au sérieux, estime-t-on.
Un forum économique dédié au continent africain, s'est tenu dimanche et lundi à Alger et a rassemblé plus de 35 pays. Il a magistralement mis en relief les atouts dont dispose l'Afrique pour jouer un rôle décisif dans l'économie mondiale dans les années à venir, tout particulièrement sa jeunesse. Organisé conjointement par le World trade Center Algeria «Wtca» et l'institut Choiseul, think tank européen spécialisé dans l'analyse de questions stratégiques internationales et de la gouvernance économique mondiale, ce forum a été l'occasion d'échange d'expériences entre des jeunes leaders africains et des personnalités influentes issues du monde économique.
Dans son discours d'ouverture, le CEO du World Trade Center Algeria, Ahmed Tibaoui a souligné qu'il «est temps de donner au continent et à sa jeunesse son droit au développement, l'opportunité d'être des acteurs essentiels pour la croissance de l'Afrique».
Le président de l'institut Choiseul, Pascal Lorot quant à lui, a déclaré que «l'Afrique se développe d'une façon spectaculaire et cela grâce au potentiel économique dont elle regorge et qui se multiplie de plus en plus. C'est la jeunesse qui change la donne pour l'Afrique et conquiert les nouveaux marchés».
Pour sa part, Sami Agli, DG du Groupe Agli, qui figure dans la liste du Choiseul, a mis l'accent sur le «capital humain exceptionnel dont dispose le continent africain, mais aussi de l'énergie et la volonté que les chefs d'entreprise africains sont prêts à développer pour remettre sur la scène internationale notre continent». «La jeunesse africaine est très audacieuse et capable de faire avancer les pays et faire évoluer leurs économies respectives.»
Toutefois, les différents panels qui ont porté sur des problématiques aussi diverses que «l'essor des champions panafricains», «la ville africaine du XXIe siècle», «la croissance économique et l'énergie» «le digital et la révolution numérique, «l'agro-business» et «la finance et le développement», ont tout en soulignant les points forts qui font de l'Afrique un continent éligible au statut de «locomotive de la croissance mondiale», relevé les problèmes qui l'empêchent de décoller.
Dans ce sillage, bien des experts ont mis l'accent sur la question des frontières qui constituent une sérieuse contrainte pour créer des espaces d'échanges et des canaux de circulation des personnes et des marchandises plus ou moins homogènes et intégrés. «Il faut imaginer d'autres schémas industriels et économiques basés sur l'investissement à l'étranger. Débloquer les financements, faciliter le développement à l'international et encourager la production locale au lieu de l'importation, ce sont là quelques pistes qui doivent être prises en compte par les entrepreneurs, mais également par les Etats qui doivent aussi jouer le jeu», a expliqué Sahbi Othmani, DG de NCA Rouiba, Algérie, lors d'une session plénière consacrée à «l'Essor des champions panafricains». «Lorsqu'une entreprise exporte dans un pays donné et qu'elle atteint une certaine part de ce marché, elle est stratégiquement obligée d'installer des investissements productifs dans ce pays afin d'éviter d'être mal perçue. Or, pour réussir un déploiement à l'international, l'Etat doit sinon encourager, du moins faciliter la tâche aux entrepreneurs. Pour notre part, nous attendons les autorisations de transfert d'argent pour investir en Tunisie,» a-t-il ajouté.
D'autres intervenants, notamment Ken Etete, P-DG, Century Group, Nigeria, Basil El Baz, P-DG, Carbon Holdings, Egypte ou encore Brigette Gasa, DG, The Elilox Group, Afrique du Sud, ont également abondé dans le même sens en précisant que «les frontières entre les pays étant fermées et la mobilité entravée par l'exigence des visas et la modestie du réseau aérien interafricain, il est urgent que les Etats africains fassent des efforts pour, au moins, faciliter les déplacements des opérateurs économiques et la mise en oeuvre de partenariats d'investissements à travers une mutualisation intelligente des opportunités et des efforts.
L'Afrique de demain, selon les intervenants, doit être une Afrique complètement connectée car, explique-t-on, «il n'est plus possible de dissocier le développement économique du développement numérique». «Aujourd'hui, les plus grandes entreprises de taxis n'ont pas un seul véhicule. Tout se fait à travers des logiciels. Il faut s'adapter à ces nouvelles exigences et à ce nouveau rythme», a recommandé un panéliste.
L'environnement social et urbain, qui représente le cadre naturel dans lequel peut s'effectuer le projet d'investissement, a été également abordé. En effet, selon les experts, «il n'est pas possible d'imaginer une ville, qui ne produit pas des richesses, progresser». «Une ville consomme et si elle ne produit pas, elle est simplement condamnée. Or, pour qu'elle produise, elle doit être adaptée à l'environnement économique, ce qui n'est pas toujours le cas. Bamako, par exemple, est une ville horizontale qui n'est pas adaptée à l'architecture de l'économie mondiale. C'est une sorte de chaos organisé», explique Nayè Anna Bathily, responsable Unité parlementaire de la Banque mondiale. Les villes africaines doivent de ce point de vue faire leur mutation. De son côté, Halim Faïdi, architecte algérien, P-DG de Studio A. Algérie, a indiqué que «la ville africaine doit faire sa mutation et réussir à devenir un espace dédié à l'intelligence, au développement durable, aux nouvelles technologies». «La ville est le seul établissement transversal. Il regroupe absolument tout les secteurs, la culture, la santé, les transports en commun...les territoires urbains produisent de la richesse. Il faut par conséquent constamment faire évoluer ces espaces tout en les adaptant aux nouvelles exigences», a-t-il ajouté. Halim Faïdi, s'inscrivant à contre-courant de ce que disent les responsables algériens, a estimé que «l'Algérie est en avance par rapport à beaucoup de pays africains dans le sens où elle a fait beaucoup d'erreurs que les pays africains ne doivent pas faire».
L'EXPRESSION

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