mercredi 9 novembre 2016

Angela Merkel débute une tournée en Afrique / "Plan Marshall pour l'Afrique"


Semaine « africaine » pour Angela Merkel. La chancelière allemande a entamé dimanche à Bamako (Mali) un voyage de trois jours sur le continent noir avec des étapes au Niger et en Éthiopie. De retour à Berlin, elle recevra mercredi le président tchadien, Idriss Déby, puis le président nigérian, Muhammadu Buhari, vendredi. Le but de ces entretiens : discuter des moyens dont l'Europe dispose pour aider « le continent voisin » afin d'endiguer les migrations illégales et le terrorisme.
Avec ses interlocuteurs, Angela Merkel doit notamment aborder le « partenariat de migration » de l'Union européenne avec plusieurs pays d'Afrique. Le Mali, le Niger et l'Éthiopie figurent tous trois sur la liste des pays avec lesquels la Commission européenne entend négocier de tels accords, comme il en a été décidé lors du dernier sommet Union européenne-Afrique, en novembre 2015.
Renforcement de l'aide allemande au Mali
À Bamako, Angela Merkel a ainsi rencontré le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta. Elle a promis un renforcement de l'aide allemande à ce pays dont le nord reste en proie à une rébellion islamiste et qui est un pays d'origine et de transit pour les migrations vers la Libye, l'Algérie et l'Europe. « Nous voulons apporter notre contribution à la stabilisation et au développement du Mali », a-t-elle déclaré.
L'Allemagne participe d'ores et déjà avec 650 hommes à la mission de l'ONU MINUSMA, qui tente avec les troupes françaises de rétablir le contrôle de Bamako sur le nord du Mali, et à la mission européenne de formation de l'armée malienne EUTM Mali. Or, « il nous importe d'établir une cohérence » entre l'aide au développement et les efforts militaires réalisés, a dit Angela Merkel. Les populations doivent prendre conscience que « la paix ne signifie pas seulement l'absence de guerre mais aussi des meilleures chances de développement économique ».
La chancelière a annoncé que Berlin allait accroître ses efforts d'aide humanitaire dans le nord du pays, en particulier dans le domaine de l'approvisionnement en eau et de l'agriculture. L'Allemagne augmentera également son investissement dans l'éducation et la formation. « Je crois qu'il est très, très important que les pays d'Afrique ne perdent pas leurs meilleurs cerveaux, qui manqueraient pour le développement de leur propre pays », a-t-elle souligné.
Niger et Éthiopie
Après le Mali, Angela Merkel s'est rendue lundi à Niamey, au Niger. Elle est le premier chef de gouvernement allemand à se rendre dans ce pays, le plus pauvre du monde, qui est également un pays de transit pour les migrations. Comme au Mali, la chancelière devait rendre visite aux soldats allemands présents sur place - 40 hommes et deux avions Transall sur une base aérienne.
Son voyage la conduira mardi à Addis Abeba. Dans la capitale éthiopienne, elle rencontrera le Premier ministre éthiopien, Hailemariam Dessalegn, et des représentants de l'Union africaine (UA). Elle inaugurera également un nouveau bâtiment de l'UA financé par le ministère allemand des Affaires étrangères.
L'avenir de l'Afrique, priorité stratégique
Aux yeux de la chancelière, l'avenir de l'Afrique apparaît de plus en plus comme une priorité stratégique, notamment pour l'Europe.
« L'Afrique en tant que continent voisin de l'Europe va gagner en importance », explique-t-elle dans une vidéo publiée samedi avant son départ. « C'est un continent jeune, et un continent à forte croissance démographique : sa population va doubler au cours des 35 prochaines années pour passer de 1,3 milliard à 2,6 milliards d'habitants. Il est dans notre intérêt bien compris de l'accompagner pour qu'elle se développe favorablement, même si les pays africains doivent naturellement apporter leur contribution en termes de bonne gouvernance. »
Angela Merkel souhaite faire de l'avenir de l'Afrique l'une des priorités de sa présidence du G20 en 2017.
Plus d'informations :
Office de presse et d'information du gouvernement allemand (en allemand) :www.bundesregierung.de/Content/DE/Reiseberichte/2016-10-07-merkel-afrikareise.html
Interview de la chancelière Angela Merkel (texte/vidéo en allemand) :www.bundesregierung.de/Content/DE/Podcast/2016/2016-10-08-Video-Podcast/2016-10-08-Video-Podcast.html
RAPPEL 7 oct. 2016 Angela Merkel oeuvre pour un engagement renforcé en Afrique
En amont de sa visite en Afrique, qui commencera ce week-end, la chancelière Angela Merkel a appelé de ses voeux une nouvelle politique sur l'Afrique. À l'heure où l'Union européenne est confrontée à des flux migratoires croissants, les intérêts de l'Allemagne et de l'Afrique sont indissolublement liés. Il importe non seulement de repenser l'aide au développement, mais aussi de favoriser les investissements privés sur le continent africain.
Pour que l'Allemagne se porte bien, il faut que l'Afrique se porte bien, a constaté Angela Merkel dans une interview publiée le 5 octobre par l'hebdomadaire allemand Die Zeit. La stabilité de l'Union européenne dépendra du développement du continent. De ce fait, la politique sur l'Afrique constitue « une question stratégique de premier plan », a estimé la chancelière.
« Nous devons être conscients que l'Afrique est notre partenaire : ce qui se passe là-bas a des répercussions directes sur l'Europe », a renchéri Gerd Müller, ministre fédéral de la Coopération économique et du Développement, dans un entretien accordé à l'agence de presse Reuters.
Investissements privés
Angela Merkel et Gerd Müller ont tous deux insisté sur la nécessité de stimuler les investissements du secteur privé en Afrique. À l'occasion d'un important forum, la chancelière a ainsi exhorté les entreprises allemandes à renforcer leur engagement sur le continent. Simultanément, elle a déclaré que l'Allemagne devait se montrer plus exigeante en matière de bonne gouvernance dans les pays africains.
Selon l'Association des entreprises germano-africaines, 18 000 sociétés allemandes seraient présentes sur le continent, dont 800 seulement en qualité d'investisseurs. Si les exportations de l'Allemagne vers l'Afrique ont augmenté en 2015, les importations ont chuté de 34 %.
Il serait judicieux de créer des incitations fiscales et d'améliorer la couverture des risques pour encourager les entreprises allemandes à s'impliquer davantage sur place, affirme Gerd Müller. Cela permettrait de stimuler la croissance économique des pays africains, et d'éviter que l'aide au développement ne se cantonne aux transferts de fonds.
« Plan Marshall pour l'Afrique »
Compte tenu de la croissance démographique du continent, l'Afrique aura besoin de centaines de milliers d'emplois supplémentaires, précise Gerd Müller. « Le continent africain ne peut pas y arriver seul. Nous avons besoin d'un plan Marshall pour l'Afrique. [...] Nous n'avons pas d'autre solution : il faut investir dans la jeunesse, l'éducation et l'emploi. »
Cet effort doit s'inscrire dans la durée, a ajouté le ministre. « Nous avons besoin d'une nouvelle politique sur l'Afrique, sans quoi nous serons confrontés à de graves problèmes d'ici dix ou vingt ans. » En effet, la population africaine va doubler ces 35 prochaines années pour atteindre deux milliards de personnes. « La pression migratoire va augmenter de manière exponentielle si nous ne parvenons pas à créer des perspectives d'avenir dans les pays africains. »
Aussi l'Allemagne fera-t-elle de l'Afrique une priorité lorsqu'elle exercera la présidence tournante du G20, en 2017. « Si je veux veiller à ce que nous, Allemands, nous portions bien, à ce que l'Union européenne reste soudée, je dois faire en sorte que les personnes habitant dans le voisinage de l'Europe se sentent chez elles dans leur pays », a martelé Angela Merkel. « Cela signifie en pratique qu'à notre époque, nous devons adopter une nouvelle approche sur l'Afrique. Il en est ainsi au XXIe siècle. »
AGENCE NEWS PRESS

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