dimanche 15 mars 2015

JEAN-JACQUES BEUCLER - "L’institut français d’Alger est une véritable ruche"

Tout droit venu de Madrid, Jean-Jacques Beucler, un natif d’Ajaccio, a déposé ses valises à Alger il y a 6 mois pour diriger le très dynamique Institut français d’Alger (IFA) en remplacement de Jean-Claude Voisin. Le pays ne lui est pas totalement inconnu puisqu’il y a séjourné en…1973 et qu’il lui rappelle la Corse de sa jeunesse. S’il compte mener à bon port les chantiers lancés par son prédécesseur, il arrive à Alger avec de nouvelles idées et des projets pleins les cartons. Entretien
Lepetitjournal.com- Alger : Vous êtes arrivé il y a à peine six mois en Algérie. Comment avez-vous trouvé le pays ? Votre adaptation n’a pas été trop difficile?
 Jean-Jacques Beucler: J’étais déjà venu en Algérie, passer deux mois d’été en 1973 à Port aux poules…J’ai tout de suite reconnu, en arrivant par bateau en septembre dernier, cette vibration si particulière de l’air, cette lumière intense. L’adaptation a vraiment été rapide. J’ai passé mes années de jeunesse à Ajaccio, en Corse, et les similitudes sont grandes avec Alger. Je me sens bien dans cette ville et de par mes fonctions j’ai la chance d’habiter au cœur de la ville. Quand j’ouvre mes fenêtres, je perçois la rumeur du port et je vois même un bout de mer…Parfois, je vois aussi le Danièle Casanova de la SNCM qui fait également les traversées Continent-Corsel’été.
C’est un fait: votre institut attire un grand nombre d’étudiants et élèves algériens. Peut-on avoir des chiffres? Que vous inspire ce grand engouement de la jeunesse algérienne pour la langue et la culture françaises?
Oui, l’Institut français d’Alger est une véritable ruche, même le samedi où nous comptons une fréquentation de 900 visiteurs en moyenne à la médiathèque. En ce qui concerne les cours de langue française, nous avons eu 5.600 inscrits en 2014 et nous sommes sur une perspective d’environ 7.000 pour 2015. A ce chiffre s’ajoutent les 16.000 candidats au TCF (test de connaissance du français) et les quelque 2.500 candidats au DELF et au DALF (diplôme élémentaire de langue française et diplôme approfondi de langue française). Nous accueillons par ailleurs chaque année des milliers de candidats aux études universitaires en France via Campus France dont les bureaux sont maintenant installés sur notre nouveau site d’Hydra (au 30, rue des frères Kadri, à deux pas de la placette d’Hydra). Sur ce même site, nous proposons également des cours de langue. Cet engouement de la jeunesse algérienne pour la langue et la culture françaises nous réjouit. Nous avons tant à voir ensemble!
 Votre prédécesseur à la tête de l’IFA s’est beaucoup investi dans l’organisation d’activités culturelles extra-muros, en nouant des partenariats avec des institutions et des associations algériennes. Comptez-vous garder ce cap?
Bien sûr. Il est important pour nous de pouvoir mettre en place des opérations culturelles hors les murs pour toucher de nouveaux publics. C’est ainsi que nous présenterons, le 23 avril, dans la basilique Notre-Dame d’Afrique un récital de chants corses du célèbre groupe A Filetta et que nous serons accueillis à Dar el Hamra pour le concert de l’excellent guitariste classique Thibault Cauvin le 4 mai. Nous envisageons cette année encore la Fête de la musique avec l’APC Alger-centre, le 17 juin, nous préparons un grand défilé de mode au SOFITEL pour le 7 mai, le concert de la révélation 2014 de l’émission The Voice, IGIT, dans la salle Ibn Khaldun le 14 mai et je dois bientôt rencontrer le directeur de la salle Ibn Zeydoun de l’Office Riadh El-Feth. Nous travaillons également avec le secteur associatif. Nous montons pour le mois de juin un colloque «Psychologie et créativité» avec l’association Bruits des mots, le comité des fêtes de la ville de Béjaia et le Théâtre Régional de Béjaia et nous soutenons par ailleurs l’association des jeunes deLa Meute Littéraire dans le cadre du Printemps des poètes (du 8 au 15 avril)…Voilà quelques exemples pour le prochain trimestre. Les projets ne manquent pas.
Outre les activités traditionnelles de l’IFA (enseignement du français, conférences, projections de films, etc), avez-vous lancé de nouveaux chantiers cette année?
 Je saisis d’abord au vol le mot ‘’chantiers’’ car nous venons d’en lancer plusieurs dans les bâtiments de l’Institut français ! Le premier touche la mise aux normes de toute l’installation électrique, le second vise à améliorer les services rendus au public (nouveaux sanitaires, nouveaux espaces pour la cafétéria…) et le dernier c’est la numérisation de notre salle de cinéma. A noter que s’agissant de la rénovation de la cafétéria, nous travaillons en collaboration avec l’EPAU via un concours proposé aux étudiant(e)s de 3e et 4e année pour la réalisation du projet architectural.
Mais je reviens au vrai sens de votre question. Oui, nous ouvrons de nouvelles perspectives, par exemple celle de la promotion de la nouvelle scène musicale française avec des groupes comme Blind Digital Citizen (le 29 janvier dernier), Set&Match, le 15 juin, IGIT, le 14 mai ou encore Radio Elvis à l’automne prochain. Nous prévoyons également cette année de mettre à l’honneur l’expression poétique à travers le slam sous la houlette de Hocine Ben ou encore, pour donner un dernier exemple, de mettre en place pour le mois d’octobre l’exposition virtuelle Le Noir et le Bleu du MUCEM de Marseille.
 Vous étiez au Mexique et vous vous êtes distingué par la création du premier prix littéraire franco-mexicain. Votre passage en Bosnie a été marqué par la reconstruction du hammam historique jouxtant le pont de Mostar. Ne nourrissez-vous pas un projet un peu spécial pour Alger?
 Les circonstances ont été favorables, à l’époque au Mexique, pour la création de ce prix littéraire qui a maintenant plus de dix ans (www.jornada.unam.mx/2014/07/11/cultura/a09n1cul) et il répondait à une commande de SEM l’ambassadeur Philippe FAURE qui en avait eu l’idée. En Bosnie, pour la reconstruction du hammam Cejvan Cehaja (qui avait été édifié en 1558), nous avons été servis par la chance en trouvant une entreprise efficace qui a relevé le défi et qui a pu, grâce aux fonds débloqués par la France, remonter pièce par pièce en quelques mois ce joyau d’architecture ottomane, sous la houlette du Professeur Bernard Fonquernie, architecte et expert consultant de l’UNESCO. S’agissant d’Alger, les échanges culturels sont déjà bien denses et je constate depuis mon arrivée que l’Institut Français est un centre très fréquenté, au public diversifié et fidèle. Je ne doute pas que durant mon séjour ici nous aurons l’occasion de mettre en place, dans le cadre de notre étroite coopération avec les institutions algériennes et la société civile, des actions d’envergure.
Un mot pour les Expats français vivant en Algérie…
 Avec plaisir ! Pour leur dire que si notre action est prioritairement tournée vers les publics algériens, l’institut français est aussi, bien entendu, un lieu ouvert à tous et qu’ils seront toujours les bienvenus.
Le petit journal.com

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