lundi 15 septembre 2014

Entretien avec l’ambassadeur du Royaume-Uni à Alger : « Vers une coopération florissante entre les deux pays »


Andrew Noble est diplomate depuis 32 ans. L’ambassadeur du Royaume-Uni à Alger a bien voulu s’entretenir avec nous sur des sujets aussi importants que le partenariat, la coopération bilatérale, la place de la langue anglaise en Algérie et surtout les perspectives encourageantes qui se renforcent et se consolident à la faveur d’une volonté politique clairement affichée par les pouvoirs publics en Grande-Bretagne et en Algérie.
Votre Excellence, le Royaume-Uni affiche une « disponibilité constante » à renforcer le partenariat avec l’Algérie. Pouvez-vous nous éclairer à ce sujet et quels sont les domaines concernés ?
C’est un partenariat qui a commencé avec la visite du Président de la République algérienne, M. Abdelaziz Bouteflika, en Angleterre en 2006. A partir de là,  nous avons établi des conventions et un plan  pour les relations. Mais après la visite du Premier ministre britannique David Cameron en janvier 2013, la coopération s’est encore développée.
Les secteurs sont importants pour l’Algérie. C’est un partenariat où les deux parties peuvent s’entendre sur ce qui est intéressant pour elle.
Pour l’Algérie, c’est la langue anglaise dont nous avons saisi l’importance,  et c’est pour cela que le British Consul est occupé en ce moment en ouvrant un centre de formation en langue anglaise. Elle coopère également avec le ministère de l’Education pour une formation encore meilleure en langue anglaise dans les écoles algériennes. Cela fait partie des secteurs très importants mais le reste, je crois que tous les secteurs sont compris dans notre coopération, à savoir l’industrie, l’agriculture, la science, la formation des cadres, l’enseignement professionnel, le secteur des hydrocarbures, notamment le secteur de l’énergie pour l’avenir. Je ne crois pas que nous avons des limites à ce que nous pouvons faire. Nous allons avoir plusieurs discussions à la fin de cette année entre les deux gouvernements. C’est un champ carte très ouvert.

Donc la coopération  touche pratiquement tous les secteurs, mais est-ce qu’il y a des priorités ?
Les priorités viennent de la politique. Comme les deux pays vivent dans un monde très agité par les problèmes que vous connaissez en Algérie et nous en Angleterre, tels que le problème du  terrorisme, l’instabilité qui est l’un des points les plus importants pour nous comme pour vous. Sur ce fait nous avons suivi  les discussions  du ministre des Affaires étrangères  au Caire, et nous allons aborder ces thèmes lors des discussions en Grande-Bretagne en octobre. Cela est l’une des priorités.
La partie algérienne a indiqué  que la formation des jeunes en langue anglaise est aussi une priorité. Mais il y a également des spécialistes  britanniques dans la production du lait.
La coopération dans le domaine des hydrocarbures est-elle  dominante ?
Dominante  dans le sens de tradition. Cela fait 50 ans. C’est en octobre après la première livraison de LMG au Royaume-Uni et dans le monde entier. Donc c’est dominant de ce point de vue et je crois que la société British Petrolium (BP) est le plus grand investisseur en Algérie. Ce n’est pas nouveau pour nous, c’est un secteur qui a un avenir.
Pour le reste, c’est une coopération entre deux grands pays qui ont un large intérêt et nous sommes prêts à ce que l’Algérie puisse prendre ce dont elle a besoin et que nos hommes d’affaires viennent ici pour voir quelles sont les possibilités pour faire un bon commerce ou un bon investissement en Algérie, comme la construction, le transport, les produits pharmaceutiques, les hôpitaux et le secteur de la santé en général.
Quel est l’état des relations bilatérales entre les deux pays ?
Je crois qu’elles sont dans les meilleures conditions, surtout après la visite du Président Bouteflika chez nous et celle de notre Premier ministre en Algérie. Nous avons une feuille de route très claire et les deux gouvernements ont beaucoup à faire pour répondre  aux  espoirs qu’ont exprimés nos deux chefs.
Plusieurs délégations d’entreprises britanniques ont visité l’Algérie dernièrement dans les perspectives d’investissement. Est-ce que le climat des affaires leur est favorable et quels sont les obstacles rencontrés ?
C’est toujours un nouveau défi d’aborder un nouveau pays, parce que tous les pays ont des règles particulières. Je crois qu’en Algérie, les hommes d’affaires de par le passé ont cru que c’est un problème de langue parce qu’ils doivent travailler en français.
Mais ce n’est pas le cas de nos jours, et parce que les Britanniques apprennent le français et les Algériens apprennent l’anglais de plus en plus.
Je crois qu’il y a une discussion en Algérie au sujet des conditions pour l’investissement. Nous avons vu que la règle 51-49% est une question, mais beaucoup d’entreprises ont su la franchir bien que ce ne soit pas une norme internationale.
Donc la règle 51-49 imposée par l’Algérie ne pose aucun problème pour les investisseurs britanniques ?
Cela  ne pose pas de problème pour ceux qui vont la franchir. Il se peut qu’il y ait des entreprises qui notent qu’elles ne veulent pas faire cet effort pour des possibilités d’investissement, malgré ce règlement. Cela peut contraindre le volume des échanges, mais en soi ce n’est pas un obstacle.
Des facilités leur sont présentées par l’Etat algérien ?  
L’Etat algérien est très clair qu’il veut des investisseurs britanniques et qu’il va les aider.  Mais les investisseurs doivent franchir les règles spécifiques de l’Algérie.  C’est ce qu’on fait avec succès. Cela pourrait être différent mais nous approchons la question de partenariat dans les circonstances que nous avons. Toutes les entreprises que j’ai connues jusque-là ont connu un accueil très chaleureux.
Quel est le regard porté par le Royaume-Uni sur l’évolution de l’Algérie ?  
Nous croyons que pour travailler avec l’Algérie, nous avons des possibilités de discussion et les forums différents pour aborder divers thèmes et c’est un esprit de coopération.  Nous sommes très intéressés de comprendre les changements, les plans du gouvernement en ce qui concerne chaque aspect de la vie politique et économique en Algérie. Nous adapterons notre approche selon les besoins et les vœux  de la partie algérienne. Nous ne sommes pas là pour dire que nous avons besoin de ceci  ou cela. Nous sommes là pour un partenariat, donc les deux parties discutent et trouvent de très bonnes solutions, je crois.
Qu’en est-il de l’enseignement de la langue anglaise en Algérie, est-ce que vous avez tracé un nouveau  programme pour cela ?   
Je trouve que c’est une question très sensée pour aborder celle du partenariat, parce que nous avons au niveau de l’ambassade notre équipe du  British Council qui travaille  avec le ministre de l’Enseignement pour améliorer et approfondir la formation en langue anglaise. Les 32.000 professeurs de  cette langue en Algérie seront touchés par le programme qu’a instauré le ministre et le British Council ensemble. Les inspecteurs d’anglais sont aussi conviés. C’est la façon dont la partie britannique  a adaptée aux besoins et aux réalités algériennes.  Dans le futur, il y aura des discussions sur la possibilité d’approfondir encore les moyens qui existent et nous ouvrirons le centre de formation à Hydra l’automne prochain. Je trouve que c’est un champ où on voit déjà de grands changements depuis la visite de notre Premier ministre en 2013 et cela va continuer. J’entends parler  beaucoup anglais en Algérie dans les rues et les magasins et dès qu’on reconnaît que je suis l’ambassadeur britannique, on me parle en anglais ; je ne crois pas que c’était le cas il y a quelques années avant.
Quel est le plus que vous comptez apporter en Algérie ?
Je suis trop modeste et je laisserai le soin aux autres de faire le constat. J’ai une ambition.  J’estime que nous avons passé trop de temps pour connaître l’Algérie. Je trouve aussi que nous faisons des progrès très rapidement  parce que c’est un progrès facilité par le gouvernement algérien, mais nous avons toujours beaucoup à apprendre. Je veux aider nos concitoyens à apprendre l’Algérien, être à l’aise dans ces villes et la campagne, d’être un partenariat pour tous les Algériens.
J’espère que je vais voyager largement dans le pays, mon premier voyage hors Alger aura lieu au début de septembre à Oran, et c’est un début pour moi parce que c’est un grand pays avec des défis, comme nous tous, qui est à découvrir.  Si je peux aider à donner une impression constructive du Royaume-Uni, tout en faisant connaître aussi les problèmes que nous vivons, cela sera  un partenariat mieux équilibré.
Y aura-t-il des facilités spécifiques pour les demandeurs de visa ?
C’est un aspect que nous ne traitons pas à l’embassade. Nous avons un partenaire qui est « TLS Contact » qui se charge du traitement des dossiers de visas pour l’Angleterre. C’est la même entreprise qui traite les visas Schengen des autres pays. Nous travaillons avec cette ambassade mais c’est notre ambassade à Paris  qui est responsable des visas pour pas mal de pays francophones et c’est eux et TLS qui font ces services. Je crois qu’en général, le service s’est amélioré depuis l’arrivée  de  TLS, mais on cherche toujours à l’améliorer davantage.
Je dirai seulement que tous ceux qui veulent un visa britannique, c’est une formule, on doit le faire de la meilleure façon en donnant des preuves par le biais des documents présentés afin de justifier les déclarations des demandeurs. Tout document utile pour une application de la demande doit être remis avec cette demande.
Il faut dire que beaucoup de demandes ne sont pas bien soutenues par la fourniture des documents qui les justifient. En général, je trouve que le nombre de visas pour l’Algérie augmente de mois en mois. J’ai l’impression que les voyages d’Algériens pour la Grande-Bretagne sont facilités. D’ailleurs on a enregistré 22,485 demandes de visa en 2013, avec une augmentation de 50% par rapport à 2012.
Est-ce la première fois que vous venez en Algérie et quelle est votre impression ?
Je suis venu en 2006-2007 pour une petite visite, quand j’étais directeur responsable de la sécurité pour le ministère des Affaires étrangères partout dans le monde. Ma mission était de voir les conditions de travail en Algérie.
J’avoue que cette époque n’était pas florissante pour la diplomatie britannique en Algérie, c’est pour cela que je peux dire que nous étions très en retard pour recommencer après les difficultés de la décennie noire.  Actuellement je suis en Algérie depuis le mois de juin passé et à vrai dire, il m’est impossible de répondre à une question tellement large.
Que pouvez-vous dire en conclusion ?
Je suis vraiment ravi d’être là.  Je vois chaque jour une nouvelle compagnie, une nouvelle entreprise, une nouvelle université qui nous écrivent à l’ambassade pour solliciter notre accompagnement dans leurs activités.  Je trouve que cela témoigne de la relation florissante entre les deux côtés. Il faut continuer et nous allons arriver à une cooptation beaucoup plus large que celle d’aujourd’hui.
Entretien réalisé par
Kafia Ait Alouache

EL MOUDJAHID

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