mercredi 13 août 2014

Le chef du Hamas Khaled Mechaal : « 1,5 million d'Algériens et 3,5 millions de Vietnamiens ont perdu la vie pendant les guerres coloniales



Le chef du Hamas Khaled Mechaal est resté inébranlable sur les demandes de son mouvement pour conclure une trêve durable dans le conflit avec Israël dans la bande de Gaza, notamment pour la levée du blocus de l'enclave, dans une interview exclusive à l'AFP.    
Le cessez-le-feu de 72 heures, conclu dimanche avec Israël, "est l'un des   moyens ou des tactiques destinés à faire réussir les négociations ou acheminer   l'aide humanitaire", a affirmé M. Mechaal. "L'objectif auquel on tient est que les demandes palestiniennes soient   satisfaites et que la bande de Gaza vive sans blocus", a-t-il ajouté. Cet objectif, nous y tenons et en cas d'atermoiement d'Israël et de   poursuite de l'agression, le Hamas et les autres factions palestiniennes sont   prêts à résister sur le terrain et sur le plan politique et (...) faire face à   toutes les éventualités", a-t-il poursuivi.   

M. Mechaal, dirigeant du Hamas en exil basé au Qatar, a tenu ces propos au   moment où les Palestiniens annonçaient au Caire une trêve de 72 heures à Gaza,   qui a été ensuite acceptée par Israël. Il a répondu aux questions de l'AFP pendant une heure dans sa résidence de   Doha, qui était entourée de strictes mesures de sécurité.        

Des demandes pas fantaisistes

Parlant d'un ton calme derrière sa barbe poivre et sel, M. Mechaal n'a   cessé de répéter que la levée du blocus qui asphyxie l'enclave depuis 2006   n'avait rien de "fantaisiste". "Ce n'est pas une demande fantaisiste car il est du droit du peuple   palestinien de vivre sans blocus, un blocus qui l'affame et lui interdit de   quitter Gaza. La bande de Gaza doit être ouverte pour permettre à deux millions   de Palestiniens de voyager, d'aller se faire soigner ou d'étudier à l'étranger   comme tous les peuples du monde".     "L'une des conséquences de cette guerre est que la question de l'ouverture   des terminaux a été placée sur les agendas régionaux et internationaux", a-t-il   dit.   

Outre la levée du blocus, le Hamas demande notamment la réouverture de l'aéroport et le lancement des travaux d'un port dont Israël ne veut pas de   crainte de voir le mouvement islamiste acheminer des armes sophistiquées dans   l'enclave palestinienne. Concernant les pertes humaines subies par les Palestiniens --près de 2.000   morts, en majorité des civils, notamment des d'enfants-- M. Mechaal a estimé   qu'"aucun peuple ne s'est débarrassé de l'occupation sans en payer le prix".   "1,5 million d'Algériens et 3,5 millions de Vietnamiens ont perdu la vie   pendant les guerres coloniales", a-t-il indiqué.   

Netanyahu a perdu la guerre

Pour M. Mechaal, l'autre conséquence de la guerre est que le Premier   ministre Benjamin Netanyahu a "subi une défaite sur le plan militaire".     "Netanyahu tente de faire de la surenchère après avoir perdu sur le plan   militaire", a-t-il affirmé.     "Il se débat dans une crise intérieure et tente d'atteindre par la   négociation ce qu'il n'a pas réussi à réaliser sur le plan militaire", a dit le   chef du Hamas.     Selon lui, le Premier ministre israélien a été "surpris par la force de la   résistance palestinienne", en référence aux 64 soldats israéliens qui ont été   tués depuis le 8 juillet.     "Les manifestations à travers le monde et la colère contre les crimes   d'Israël ont contraint Netanyahu à retirer son armée de la bande de Gaza", a   encore affirmé le chef du Hamas.     "Netanyahu fait face à son opinion qui estime que l'opération armée n'a pas   abouti et qu'elle n'a pas permis d'apporter la sécurité aux Israéliens et il   fait face à des pressions internationales pour mettre fin à la guerre".   

A la question de savoir si le Hamas était prêt à négocier la paix avec   Israël, M. Mechaal a répondu qu'il n'était pas "illicite du point de vue de   l'islam de parler à son ennemi (...) mais la négociation suppose qu'il soit   enclin à la paix, ce qui n'est pas le cas d'Israël".        

Le Hamas garde ses alliances

Concernant les liens du Hamas avec ses alliés traditionnels que sont l'Iran   et le Hezbollah chiite libanais, M. Mechaal, a indiqué que les contacts avec   ces deux parties, ennemis farouches d'Israël, n'ont jamais cessé. "Il y a eu des contacts avec l'Iran avant et après la guerre et il n'y a   pas de rupture entre nous et le Hezbollah. Il y a eu ces dernières années   quelques différences notamment sur le dossier syrien mais les liens se sont   maintenus", a-t-il déclaré.     "Ce qui nous unit, c'est notre combat commun contre l'occupation   israélienne", a souligné le chef du Hamas, en affirmant que son mouvement "n'a   plus de contact avec le régime de Damas", où il était basé avant le début du   conflit syrien.   

Il a rendu un hommage appuyé au Qatar qui l'accueille depuis son départ de Syrie en 2012. "Le rôle du Qatar est important et exceptionnel", a-t-il   déclaré, en estimant que sa présence à Doha n'était pas "un fardeau pour le Qatar" du moment que le Hamas n'intervient pas dans les affaires d'autrui.   

Enfin M. Mechaal a indiqué que la réconciliation palestinienne n'avait pas encore été achevée mais qu'elle avançait "pas à pas".
 

AFP

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