samedi 23 août 2014

Daesh : Une menace aussi pour l’Algérie


Pendant que les chefs d’AQMI se divisent sur la question, le Mujao et Ansar Charia ont déjà proclamé leur allégeance à l’Etat islamique. Après la Libye, la Tunisie, l’Algérie fait aussi partie de la stratégie d’expansion de Daesh.
«On a écrit ces mots pour vous après avoir attendu longtemps la position d’Al Qaîda ici et ailleurs pour un soutien en votre faveur. Après le silence de tous les émirs d’Al Qaîda, nous avons souhaité annoncer notre position. Et pour que les moudjahidine de Daesh sachent que nous les soutenons.» S’il fallait une preuve aux divisions qui secouent le conseil consultatif d’AQMI sur l’allégeance à Daesh, rapportées par les rapports sécuritaires, le message d’Abou Abdallah Othmane El Acimi, un des membres les plus influents de l’organisation, diffusé sur les réseaux islamistes, en est une.
Membre fondateur du GSPC, celui qui a remplacé Abderrahmane Abou Ishak Essoufi, après son arrestation en 2012, localisé dans les maquis de Boumerdès mais repéré du côté de Batna, aurait signifié sa dissidence à Abdelmalek Droukdel au début de l’été. «Nous savons que des figures influentes de l’organisation, qui souhaitent suivre Abu Bakr Al Baghdadi, préfèrent attendre avant de se prononcer, car ils savent que cela fragiliserait la structure», ajoute un opérationnel du DRS.
Officiellement, Abdelmalek Droukdel a refusé de reconnaître l’Etat islamique, préférant renouveler son allégeance à Al Zawahiri. Dans un communiqué relayé par SITE, le réseau américain de surveillance des islamistes, il a ajouté : «C’est une bay’ah fondée sur la charia, envers laquelle nous sommes engagés, et nous n’avons rien vu qui pourrait nous inciter à la révoquer.» A défaut de rallier AQMI, l’Etat islamique sait qu’il peut déjà s’appuyer sur le Mujao et sur Ansar Charia en Libye et, dans une moindre mesure, en Tunisie.
«En plus des dizaines de cellules qui prenaient en charge le transfert de djihadistes et d’armes de la Libye jusqu’en Syrie ou en Irak, des groupes militaires et paramilitaires ont proclamé leur adhésion à l’Etat islamique», ajoute une source sécuritaire. En Tunisie, la katiba Okba Ibn Naafa (responsable des deux attaques de juillet où 14 soldats tunisiens ont été tués) reste pour l’instant derrière AQMI dont elle constitue, selon certaines estimations, 50% des forces.
Recrutements
En condamnant «les crimes sauvages» de l’Etat islamique, notamment la décapitation du journaliste américain James Foley, la présidence tunisienne a rappelé hier que Daesh constituait «une menace pour tous les Etats de la région». Car la stratégie d’expansion de l’Etat islamique en Afrique du Nord ne fait aucun doute.
Elle consiste d’une part, selon des sources sécuritaires, à recruter des jeunes djihadistes pour les envoyer en Syrie, en Irak, en Libye et au sud-ouest de la Tunisie. D’autre part, selon des sources islamistes, à créer des cellules dormantes à l’intérieur même des pays – Algérie, Libye, Maroc et Tunisie – en s’appuyant sur de nouveaux recrutements ou sur des combattants qui rentrent chez eux. Depuis le début de l’année, plusieurs Etats d’Afrique du Nord ont déclaré avoir arrêté des suspects.
Daesh a-t-il des chances se s’implanter en Algérie ? «Difficile d’imaginer que des cellules parviennent à s’implanter sur le territoire d’AQMI et dans les villes du Nord, relève un officier de l’armée. En revanche, l’Etat islamique cherche à occuper le Sud-Est, du côté d’Illizi pour combler le vide laissé par Abdesselam Tarmoune (chef du Mouvement des enfants du Sahara pour la justice, ndlr) depuis sa reddition doublée de négociations avec les autorités.» Les services de sécurité - plus au fait des pratiques des djihadistes d’AQMI que de ceux de Daesh - s’inquiètent sérieusement du risque de contamination.
L’armée, dont le discours officiel passe par sa revue, El Djeich, insiste d’ailleurs dans son dernier numéro comme elle le fait depuis plusieurs mois sur la «détérioration préoccupante de la situation sécuritaire  à nos frontières-est, dont l’ampleur a provoqué un exode de populations vers nos frontières». Des développements favorables à «l’infiltration et au déploiement de groupes terroristes, une menace réelle à la sécurité et la stabilité de toute la région.»

Message d’Abou Abdallah Othmane El Acimi en juin dernier

«Même si vous êtes loin des yeux, vous êtes proches de nous dans la religion et la foi. On prie pour vous, nos frères de l’Etat islamique. On a écrit ces mots pour vous après avoir attendu longtemps la position d’Al Qaîda ici et ailleurs pour un soutien en votre faveur. Après le silence de tous les émirs d’Al Qaîda, nous avons souhaité annoncer notre position. Et pour que les moudjahidine de Daesh sachent que nous les soutenons. Et que nous n’allons pas taire la vérité par peur de certaines personnes ou par allégeance à d’autres.
Nous n’avons parlé que lorsqu’ils se sont tus, nous n’avons avancé que lorsqu’ils ont reculé. Nous annonçons à tous les musulmans à et à tous les moudjahidine que nous avons distingué le droit chemin dans le Daesh. La priorité de Daesh après l’unification est d’appliquer la charia partout. J’appelle ceux qui ont attaqué Daesh à se repentir et à donner une bonne image aux musulmans. Rendez-vous à Dar El Khilafa (la maison du calife)»
 EL WATAN

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