jeudi 31 juillet 2014

Une israélienne endeuillée demande qu'on mette Israël au ban de la communauté internationale

 
 
 
Ma lettre au Par­lement Européen pour sa session concernant l’attaque Israé­lienne sur Gaza.


Nurit Peled-Elhanan, professeur de littérature comparée à l'université hébraïque de Jérusalem, est connue comme militante pacifiste en Israël. Née en 1949, c'est la fille de Matti Peled, un général de l'armée israélienne qui, après la guerre des Six Jours, s'est élevé contre la politique de colonisation.
Après avoir perdu sa fille de 14 ans dans un attentat kamikaze palestinien (et interdit aux officiels israéliens dont Benjamin Netanyahou de venir à ses obsèques), elle déclare « ne pas avoir cédé au désespoir mais prononcé un discours avec pour thème la responsabilité d'une politique myope qui refuse de reconnaître les droits de l'autre et fomente la haine et les conflits ». Elle est cofondatrice de l'association israélienne et palestinienne des Familles endeuillées pour la paix.


Chers amis et militants de la paix,

Je vous écris depuis la bouche de l’enfer. Génocide à Gaza, pogroms et mas­sacres en Cis­jor­danie et la panique des roquettes sur Israël .Trois colons israé­liens enlevés et tués, et la police qui a été informée immé­dia­tement n’a rien fait. Leur mort a été uti­lisée comme un pré­texte pour mener l’assaut pla­nifié à l’avance sur la Cis­jor­danie et Gaza. Un garçon pales­tinien de Jéru­salem enlevé et brûlé vif et la police, immé­dia­tement informée, ne fait rien. Plus de 200 vic­times dans le raid sur Gaza. Des familles entières tuées par les pilotes israé­liens, et pour résultat, des bom­bar­de­ments de roquettes sur tout Israël . Le racisme dan­gereux et violent contre des citoyens israé­liens arabes, encouragé avec enthou­siasme par les ministres israé­liens et des membres du Par­lement, conduit à des émeutes dans les rues, engendre l’agressivité et de graves dis­cri­mi­na­tions contre les Pales­ti­niens, avec une vio­lence renou­velée qui éclate contre les mili­tants de la paix juifs.
Malgré les accords, les réso­lu­tions inter­na­tio­nales et les pro­messes israé­liennes, les colonies se déve­loppent - tandis que les maisons pales­ti­niennes à Jérusalem-Est et la Cis­jor­danie sont constamment détruites. L’eau coule sans limi­tation dans les pis­cines des colonies, tandis que les enfants pales­ti­niens sont assoiffés et que des vil­lages et des villes entières vivent sous un régime cruel de dis­tri­bution d’eau , comme cela a été récemment sou­ligné par le pré­sident Schultz. Des routes de ségré­gation réservées pour les Juifs seulement et de nom­breux points de contrôle rendent la vie et les dépla­ce­ments des Pales­ti­niens impos­sibles. Le caractère non démo­cra­tique de l’Etat d’Israël est de plus en plus en train de se trans­former en un Etat d’apartheid dan­gereux. Toutes ces atro­cités ont été conçues par le même esprit dia­bo­lique et cri­minel - l’esprit de l’occupant raciste et impi­toyable de la Palestine.
Par consé­quent, la res­pon­sa­bilité de tous ces crimes contre l’humanité doit être imputé à qui de droit : sur les mains san­glantes des diri­geants poli­tiques racistes d’Israël , des généraux, des soldats et des pilotes, des hoo­ligans de la rue et des membres de la Knesset. Tous sont cou­pables de l’effusion de sang et devraient être tra­duits devant la Cour pénale inter­na­tionale de justice.
A ce jour, la com­mu­nauté inter­na­tionale n’a pas fait assez pour arrêter le régime d’occupation israélien. Les pays euro­péens l’ont sévè­rement cri­tiqué alors que dans le même temps , ils conti­nuaient à coopérer plei­nement avec Israël, éco­no­mi­quement, poli­ti­quement et mili­tai­rement. En consé­quence, Israël ne paie pas de prix pour ses graves vio­la­tions du droit inter­na­tional et des valeurs humaines.
Au contraire, c’est l’Europe qui paie pour la plupart des dom­mages huma­ni­taires de l’occupation, ce qui rend encore plus facile pour Israël de la main­tenir. Bien que les direc­tives aient été émises inter­disant aux ins­ti­tu­tions de l’UE de spon­so­riser ou de financer les orga­nismes de recherche et les acti­vités dans les colonies et que 20 pays euro­péens aient publié des aver­tis­se­ments offi­ciels à leurs citoyens et aux entre­prises, à l’encontre des rela­tions com­mer­ciales et finan­cières avec les colonies, ce n’est pas suffisant.
Ces mesures ne remettent pas sérieu­sement en cause la poli­tique israé­lienne en Palestine occupée. L’Europe pourrait faire beaucoup mieux, ainsi que l’illustre sa réponse dure à l’annexion par la Russie de la Crimée. En quelques semaines, l’Union euro­péenne a imposé des sanc­tions ciblées sur les res­pon­sables russes et ukrai­niens et entre­prises com­mer­ciales en activité en Crimée. L’UE est allée encore plus loin et a élargi les sanc­tions en inter­disant l’importation de mar­chan­dises de Crimée.
Nous, les citoyens d’Israël et les apa­trides de la Palestine, ne pouvons pas réa­liser la fin de l’occupation et arrêter le bain de sang par nous-mêmes. Nous avons besoin de l’aide de la com­mu­nauté inter­na­tionale en général et de l’UE en par­ti­culier. Nous avons besoin de vous pour pour­suivre en justice le gou­ver­nement et l’armée israé­lienne, nous avons besoin de vous pour boy­cotter l’économie et la culture israé­lienne, nous avons besoin de vous pour exhorter votre gou­ver­nement à cesser de tirer profit de l’occupation et nous avons besoin d’appeler à un embargo des armes contre Israël et à lever le siège de Gaza.
Israël est la plus grande et la plus dan­ge­reuse orga­ni­sation ter­ro­riste existant aujourd’hui. Toutes ses muni­tions sont uti­lisées pour tuer des civils inno­cents, femmes et enfants. Ce n’est rien de moins qu’un génocide. Comme lau­réate du Prix Sakharov du Par­lement européen pour les Droits de l’Homme, en tant que mère et en tant qu’être humain, je demande à l’UE d’utiliser tous les outils diplo­ma­tiques et éco­no­miques à sa dis­po­sition pour aider à sauver mon pays de cet abîme de mort et de désespoir dans lequel nous vivons.
S’il vous plaît , il faut mettre Israël au ban de la com­mu­nauté inter­na­tionale jusqu’à ce qu’il devienne un véri­table Etat démo­cra­tique, et il faut boy­cotter et sanc­tionner qui­conque fait des affaires avec cet état d’apartheid et nous aider à nous débar­rasser de ce gou­ver­nement raciste et san­gui­naire pour res­taurer la vie des Pales­ti­niens et des Juifs eux-mêmes.

Nurit Peled-Elhanan,dimanche 27 juillet 2014

http://www.france-palestine.org/Ma-lettre-au-Parlement-Europeen

MEDIAPART

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