mardi 15 juillet 2014

L’algérie représentée au défilé du 14 juillet à paris : Un pas vers la réconciliation ?

 
 Un régiment de tirailleurs algériens sur le front durant la Première Guerre mondiale.

La participation algérienne, qui aura le même format que les autres pays invités, est loin d’être anodine, l’histoire entre l’Algérie et la France étant sans commune mesure ou comparaison avec les autres nations invitées, fussent-elles d’anciennes colonies.
Pour commémorer le centenaire de la Première Guerre mondiale et honorer la mémoire des combattants des 72 pays concernés, dont l’Algérie, la France a invité tous les belligérants à participer au défilé du 14 Juillet sur les Champs-Elysées. L’Algérie n’y a-t-elle pas toute sa place, elle dont des milliers d’enfants sont morts pour la défense de la France lors des deux conflits mondiaux (dont on commémore le centième et le 70e anniversaires) payant un lourd tribut par le sacrifice de dizaines de milliers de vies ?
Le secrétaire d’Etat français aux Anciens combattants nous a confirmé que la représentation algérienne sera de niveau gouvernemental et que la délégation sera également composée de quatre jeunes et de trois militaires. «Je les ai d’ailleurs déjà rencontrés lundi dernier, lors de la séance d’accueil de toutes les délégations à l’Ecole militaire, en présence du président de la République, François Hollande», affirme M. Arif. La participation algérienne, qui aura le même format que les autres pays invités, est loin d’être anodine, l’histoire entre l’Algérie et la France étant sans commune mesure ou comparaison avec les autres nations invitées, fussent-elles d’anciennes colonies.
La polémique, de part et d’autre de la Méditerranée, est venue rappeler la singularité de la relation algéro-française et combien le passé est encore douloureux. Peut-on, dans ces conditions, prétendre construire une relation «apaisée», voire banalisée, quand l’histoire n’a pas été mise à plat ? La présence d’une délégation algérienne fait polémique en France parmi les rapatriés et les harkis, et en Algérie parmi les anciens moudjahidine. Mais le débat semble circonscrit à ces cercles-là. Voire, en France, il divise rapatriés et harkis. La pétition intitulée «Non au défilé des troupes algériennes le 14 juillet 2014», mise en circulation à l’initiative du député frontiste Gilbert Collard, n’a pas eu l’ampleur escomptée puisqu’elle n’a recueilli que 18 000 signatures. Du côté des harkis, si France-Harkis a demandé l’annulation de la participation algérienne, le Comité national de liaison des harkis approuve, pour sa part, la participation de l’Algérie au motif qu’elle est «un premier pas vers la réconciliation».
En Algérie, c’est essentiellement l’ONM et le MSP qui s’opposent à la présence de trois militaires de l’armée algérienne dans la parade aux emblèmes.Les dirigeants des deux pays ont fait le choix de l’apaisement. Du côté de l’Etat français, on soutient que les manifestations du 14 Juillet sont dédiées à la commémoration de tous les sacrifices faits durant la Première Guerre mondiale. Du côté algérien on explique, pour ces mêmes raisons, la présence de notre pays à ces manifestations.
«Le peuple algérien assume toute son histoire et honore ses propres contributions à la liberté à travers le monde», avait assuré le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, dimanche dernier.
Toutefois, le peu d’impact de cette levée de boucliers de part et d’autre de la Méditerranée est à interroger. Traduit-il une certaine indifférence ? La volonté de passer à «autre chose» ? De regarder davantage le présent ? Ce qui ne saurait signifier qu’il faille oublier ou faire l’impasse sur l’histoire qui reste encore à dire et à écrire. La réconciliation doit reposer sur des fondations saines, celles d’une lecture rétrospective et commune de l’histoire et d’une reconnaissance du fait colonial et de ses méfaits.
EL WATAN

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