samedi 19 juillet 2014

ELLES SONT DES MILLIERS DE FAMILLES À Y AFFLUER APRÈS LE F'TOUR : Rush sur la baie d'Alger

La baie d'Alger, l'une des plus belles au monde
 
La baie d'Alger, l'une des plus belles au monde
 
El Djazaïr retrouve sa baie. Les Algérois sont heureux. Grâce aux aménagements faits au niveau de la Sablette et Ardis, ils font enfin face à la mer, après lui avoir tourné le dos pendant longtemps...
Quinzième jour du Ramadhan. Une heure avant la rupture du jeûne. Alors que les routes et ruelles du pays sont vides, l'avenue de l'ALN (ex-Moutonnière), s'anime! Les embouteillages sont déjà là! Que se passe-t-il? Pourquoi y a-t-il autant de voitures? La réponse se résume en deux mots: Sablette et Ardis! Cette jetée est la nouvelle soupape de décompression des familles algéroises, qu'elles soient du Centre ou de ses banlieues. Avec des amis ou en famille, on se retrouve tous dans ce qui est devenu le nouveau poumon d'Alger... Une véritable ambiance festive y règne. La belle promenade des...Algériens qu'est la Sablette, est envahie par les familles avant même le f'tour. Certains pour permettre à leurs enfants de piquer une tête dans l'eau de cette plage qui a été rouverte à la baignade au début de cette saison estivale, alors que d'autres ont carrément choisi d'y rompre le jeûne. C'est le cas de Raouf et sa petite famille qui ont carrément déplacé leur «meïdate ramadhane». «Il fait très chaud ces jours-ci. Dike fel dar''. On vit dans un petit appartement avec mes parents et mes frères. Mes enfants suffoquent, alors j'ai choisi de leur faire respirer un peu d'air marin», rapporte Raouf, qui avoue que ça leur permet d'avoir un peu d'intimité. «C'est la 6e fois que l'on vient depuis le début du Ramadhan», assure-t-il non sans se réjouir des équipements disponibles au niveau de cette promenade: table de pique -nique, jeux pour enfants, terrains de sport... «En plus, c'est sécurisé», rétorque-t-il.

Une cuisine aménagée en...bord de mer
A quelques mètres de Raouf et sa famille, on aperçoit un équipement de...cuisine. Réchaud, bouteilles de gaz, marmite, table bien installée. On se croirait à la maison! Surtout quand on voit le menu bien garni avec chorba, bourek et sfiria. C'est Farouk et sa femme qui ont déplacé leur cuisine. «Je suis un bon mangeur, mais j'ai trouvé agréable de prendre son f'tour ici, alors j'ai joint les deux car je veux être comme chez moi», témoigne t-il en faisant savoir que c'est un de ses collègues qui lui en a donné l'idée. «On a l'habitude de venir les deux familles ensemble, mais il n'a pas pu venir aujourd'hui, car il était invité chez sa belle famille», souligne Farouk. Il est 20h passées de quelques minutes. C'est l'heure de l'adhan du Maghreb. Les familles commencent à rompre le jeûne avec des dattes et du lait. Elles partagent avec celles qui ont oublié d'en ramener, avant d'aller faire la prière collective pour certains, individuelle pour d'autres. Après la prière, place au dîner. Chacun mange à sa manière. Il y a ceux qui le font par étape. Ils entrecoupent leur repas par de petits plongeons à la mer. Le f'tour terminé, les familles se répartissent les desserts. C'est le début des amitiés qui se poursuit autour d'un bon thé et du kalbelouze. Après le f'tour, les bambins vont profiter des aires de jeu et les parents de la douceur de la mer.

Après le f'tour à la Sablette, on digère à Ardis
Il est 21 heures passées. Du nouveau monde commence à affluer petit à petit. Ceux qui ont dîné au bord de mer sont rejoints par ceux qui ont dîné chez eux. Hommes, femmes, enfants, jeunes, vieux, ils viennent en masse après le f'tour pour profiter de la «sahra». Ça grouille comme dans une fourmilière. Et la Sablette commence à devenir trop exiguë pour accueillir tout ce monde. C'est le moment choisi par certains pour quitter les lieux. Ils vont à quelques centaines de mètres plus loin. Précisément au centre commercial Ardis. Dans cet hypermarché on fait ses courses, du lèche-vitrine, on profite des loisirs disponibles ou tout simplement, on se promène en bord de mer. C'est le cas de Nassim accompagné de sa femme et de ses quatre enfants. «Depuis le début de Ramadhan, je viens pratiquement tous les soirs», affirme-t-il. Pourquoi a-t-il choisi ce centre commercial pour passer ses soirées? «La sécurité», rétorque-t-il d'un air soulagé. «C'est bien éclairé, il y a des agents de sécurité dans tous les coins et recoins, c'est fréquenté par les familles. Alors pourquoi s'en priver? Ça nous change», atteste-t-il. La sécurité n'est pas la seule chose qui attire Nassim. La gratuité fait également partie des motivations. Comme dans la promenade de Sablette, on peut passer une soirée sans dépenser un rond. «Ici, le parking est gratuit, on peut se promener dans les allées du centre commercial, en bord de mer ou tout simplement s'asseoir sur les bancs», témoigne ce fonctionnaire dont le maigre salaire ne lui permet pas de faire des folies en termes de loisir, surtout en ce mois de la flambée des prix. Plus loin, au milieu du parking, un groupe de jeunes danse. Leurs amis sont assis en face, des gobelets de thé et cigarette à la main. Ils discutent, se racontent des blagues... Ce groupe d'amis a l'air heureux. «On est contents d'être là, cela nous change des cafés du quartier», nous font savoir ces jeunes qui viennent de la cité Sorecal de Bab Ezzouar. Heureux de trouver enfin un endroit qui leur permet de sortir de leur quartier. «Ce nouveau quartier, c'est un très bel acquis pour les Algérois mais on n'aurait jamais pu y venir s'il n'y avait pas le tramway. En Algérie, si tu n'as pas de voiture tu ne peux pas te déplacer le soir. Heureusement que maintenant,
il y a le tram...», se réjouissent-ils. Un autre groupe est attroupé sur les rochers. Il fume le narguilé. Leur ami est, lui, caché derrière eux pour rouler un joint!

Le tramway plein à craquer
Pas loin d'eux, une autre bande d'amis est là. Ayant remarqué que nous sommes journalistes, ils viennent nous parler. Eux, sont de Belouizdad. Et c'est aussi grâce au tramway qu'ils sont là. Ces jeunes Belouizdadis sont aussi là pour se défouler. Mais, ils ont un autre objectif. «On est là pour nous rincer les yeux. Il y a de belles filles qui viennent ici», attestent-ils tout sourire. Un groupe de jeunes filles se dirige vers l'entrée du centre commercial. Sur leur trente-et-un, ce groupe d'amies est là pour faire du shopping et prendre un café entre filles. Il est presque 22h30. La prière des tarawih vient de s'achever. C'est aussi l'heure du début du spectacle du cirque Amar qui a installé son chapiteau au niveau de ce centre commercial, devenu beaucoup plus une «mini-médina». C'est le moment de nous éclipser après ce tour dans cette oasis au milieu de la baie d'Alger. La foule a doublé. Il n'y a presque plus aucune place dans les immenses parkings. Les embouteillages de l'ex-Moutonnière ont gagné les artères de ces parkings. On est bloqué, on ne pourra pas bouger à cause de cette circulation, alors on décide de continuer jusqu'au shour. Et c'est la même foule avec la même ambiance qui est là. Les Algérois sont heureux, ils font enfin face à la mer, après lui avoir tourné le dos pendant longtemps...
L'expression

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