lundi 24 mars 2014

A Marseille, les espoirs du PS après 19 ans de gestion Gaudin

A Marseille, les espoirs du PS après 19 ans de gestion Gaudin

Patrick Mennucci et Jean-Claude Gaudin le 8 novembre 2013 à Marseille



Le sortant, Jean-Claude Gaudin (UMP), bien accroché à son fauteuil face à Patrick Mennucci porteur du rêve de reconquête socialiste, une triangulaire prévisible au second tour: le suspense domine à Marseille, deuxième ville de France, où le choix du maire revêt une dimension nationale.
Le PS nourrit un fol espoir: renverser le "vieux lion", 74 ans dont 49 au conseil municipal et 19 à l'Hôtel de ville, avec vue sur le Vieux-Port. Pour réussir ce pari, Solférino compte sur un autre "fort en gueule", le député Mennucci, vainqueur des primaires en octobre.
Au premier tour, la liste UMP-UDI est annoncée en tête (37 à 41% des voix), devant l'équipe PS-EELV (26 à 31%), selon les sondages qui les donnent ensuite au coude à coude, avec une légère avance à la droite (42-45%, contre une gauche créditée de 39-41%).
En embuscade, le FN Stéphane Ravier, 44 ans, qui, hormis un meeting avec Marine Le Pen dans la dernière ligne droite, s'est fait discret pendant la campagne, laissant l'expression médiatique aux responsables nationaux du parti et privilégiant le porte-à-porte pour convaincre les abstentionnistes.
Crédité de 16 à 18% des intentions de vote, il entend s'inviter le 30 mars avant de jouer les arbitres au conseil municipal, où ne siégeait jusqu'ici qu'un seul élu frontiste. M. Gaudin n'a d'ailleurs pas caché sa crainte d'une victoire courte, assortie d'une majorité relative, qui rendrait cette ville de 860.000 habitants difficile à gouverner.
Face à ces trois favoris, Jean-Marc Coppola, 53 ans, chef de file du Front de gauche (8-11%), et Pape Diouf (4-5%), 62 ans, l'ancien président de l'OM qui a pris la tête d'un collectif citoyen, menant une anti-campagne pour attirer les déçus. Petit dernier, Jacques Soubeyrand, quasi novice en politique, conduit une liste PRG présente dans cinq des huit secteurs, dans l'ombre de l'ancien homme fort du PS Jean-Noël Guérini, qui avait manqué de peu la victoire il y a six ans (47,75%, contre 50,42% pour l'UMP).
Désormais persona non grata au sein de son propre parti, le président du conseil général a joué un rôle trouble, M. Mennucci l'accusant d'avoir monté contre lui des "listes de division et de rancoeur". Car si le maire sortant a globalement réussi à réaliser l'union, M. Mennucci fait face à une foison de listes à gauche, malgré le ralliement des écologistes et responsables du MoDem. Dans son camp, il a aussi dû composer avec les exigences de ses rivaux aux primaires, occasionnant un difficile bouclage des listes.

- "Une campagne indigne" -

Comme en 2008, l'élection pourrait se jouer à quelques centaines de voix dans deux ou trois secteurs, notamment le 3e, où la ministre socialiste Marie-Arlette Carlotti affronte le sortant Bruno Gilles (UMP), et le 6e où le maire de droite, Robert Assante, est entré en dissidence.
La campagne a donné lieu à peu de temps forts, se résumant à des attaques virulentes, sans jamais vraiment aborder le fond, faute peut-être de débat. Jean-Claude Gaudin a ainsi refusé de se confronter à ses adversaires avant le premier tour, au grand dam de Patrick Mennucci désireux d'opposer ses propositions au bilan d'un maire jugé "absent et inerte".
Muni d'un slogan improbable ("La force du changement"), le premier édile, offensif, a préféré aux discours programmatiques les diatribes contre le "candidat socialiste gouvernemental", soutenu par "tout l'appareil de l'Etat": François Hollande rêve d'"échapper à la bérézina électorale des municipales en accrochant le scalp de Gaudin", a inlassablement martelé le sénateur.
"Ils ont mené une campagne électorale indigne de la deuxième ville de France, faite de rumeurs mais pas de programme", a riposté Patrick Mennucci jeudi soir à l'issue d'un ultime tour de la ville. L'accompagnait la magistrate et conseillère régionale EELV Laurence Vichnievsky, sa future première adjointe s'il est élu, signe que "le changement est en marche" pour le député qui a promis la fin du clientélisme, un mal considéré comme endémique dans la ville.
Outre les 303 conseillers d'arrondissement, les 490.000 électeurs marseillais désigneront pour la première fois dimanche les 69 conseillers de la communauté urbaine, aux mains du PS Eugène Caselli depuis 2008 et que l'UMP espère reconquérir. Avec en ligne de mire, la métropole à l'horizon 2016.
AFP

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