vendredi 20 décembre 2013

Visite du premier ministre français vue par la presse française : Une couverture a minima

À l’exception des quotidiens Le Monde et Libération qui ont consacré un espace relativement important à cette visite, les autres journaux l’ont passée sous silence en dépit de la présence de 9 ministres dans la délégation.
C'est en juin 2012, en plein préparatifs du Cinquantenaire de l'Indépendance, que l'information fut publiée. Elle passa pourtant inaperçue. Le scoop, enfoui dans une dépêche APS sur le commerce extérieur, ne fut pas relevé par les grands experts économistes. Pour la première fois depuis l'Indépendance, la France perdait son statut de premier fournisseur de l’Algérie au profit de la Chine, et personne ne voyait ça. Une autre dépêche APS publiée le 16 novembre dernier confirmait la tendance. Cette fois, elle n'a pas échappé à la vigilance d'une agence étrangère qui l'a reprise. Du coup, elle est devenue le thème central de la visite de deux jours que vient d'effectuer le Premier ministre français à Alger. Lorsque les médias écrivent, à l'occasion, que la France est dépassée pour la première fois par la Chine, ils ont en réalité un an de retard. C'est ce que fait par exemple Libération qui titre “Paris doublé par Pékin en Algérie”. Le quotidien attaque son papier par le décryptage d'un dessin du caricaturiste de Liberté, Dilem, observant que l'Algérie déroule le tapis rouge aux investisseurs français. Mais ledit drapeau n'est, en réalité, qu’une extension du drapeau chinois.
Les services de Matignon relativisent en évoquant une conjoncture favorable à la Chine qui a livré de gros contrats d'infrastructures comme un tronçon de l'autoroute Est-Ouest ou la Grande Mosquée d'Alger. Mais aussi, dit-on, l'Algérie ne serait pas un marché, mais un partenaire. Lot de consolation ? Non, à en croire Le Monde qui reprend une formule truculente d'Abdelmalek Sellal qui parle de “chinoiseries” sans effet sur les investissements et l'emploi. La France, qui se présente comme le premier investisseur étranger hors hydrocarbures, a donc de bons espoirs de reconquérir le terrain perdu. Pour Le Monde, la relation Alger-Paris est “sous le signe de la détente”.
Pourtant, c’est à la jeunesse algérienne que Libération consacre l'essentiel de sa couverture, la visite d'Ayrault ne semblant qu'un prétexte. Le journal a évoqué les parcours croisés de jeunes d'Algérie de s'extraire de là et des émigrés qui, au contraire, veulent s’y enraciner pour fuir la crise et profiter des opportunités offertes par l'Algérie.
Hors Libération et Le Monde, la presse française a assuré une couverture a minima de la visite d'Ayrault à Alger pour la réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau. Les questions internes à chacun des pays ont parfois été privilégiées. C’est le cas pour les relations entre Ayrault et le président François Hollande ou pour la santé du président Bouteflika sur lesquelles se sont prononcés les deux Chefs du gouvernement. Ou encore pour les félicitations adressées par Bouteflika à Hollande sur l'opération Serval au Mali.
Que ce soit dans Le Figaro, Le Parisien ou le quotidien économique Les Échos, la visite, malgré la présence de neuf ministres, ne trouvait pas sa place. Les versions électroniques des médias ont repris les dépêches d'agence.
 
Liberté

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