dimanche 15 décembre 2013

Algérie-France : Pour une relation sans tabou et sans complexe



2013 est considérée par l’Algérie et la France comme une année de construction du «partenariat exceptionnel» scellé entre les deux pays par la Déclaration commune concluant la visite de François Hollande en Algérie en décembre 2012. La visite du Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, lundi et mardi à Alger et Oran, en est un maillon décisif.

Paris.
De notre correspondante


L ’enjeu est de construire une relation et un partenariat réciproquement profitables, durables, sans évacuer les sujets sensibles ou difficiles. «Avec la France, nous n’avons aucun complexe, aucun problème. Notre histoire, personne ne peut nous l’enlever. L’Algérie est un des peuples qui a énormément souffert du colonialisme, nous avons payé le prix fort. C’est un passé que nous défendrons, c’est un passé qui nous est acquis, c’est la fierté de l’Algérie.» «Mais nous considérons que nous avons un pays à développer, que nous avons un voisin où vit une importante communauté algérienne. Avec la France, les relations sont totalement correctes et nous ferons tout pour qu’elles le restent, nous coopérons dans le respect mutuel.» C’est ce qu’a affirmé le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en allant à la rencontre de membres de la communauté algérienne en France, le 7 décembre, en marge du Sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique auquel il a participé. De nombreuses visites de travail, dans les deux sens, de ministres, d’experts, de hauts fonctionnaires, de parlementaires, du maire de Paris ont ponctué cette année préparative du partenariat d’exception algéro-français voulu par les chefs d’Etat des deux pays et dont le point d’orgue est la réunion, à Alger, du Comité intergouvernemental de haut niveau sous la présidence des Premiers ministres Jean-Marc Ayrault et Abdelmalek Sellal, lundi et mardi prochains. Ces préalables à la réunion du Haut Comité intergouvernemental sont qualifiés de «denses» et «intenses» dans un «climat positif» et de «bonne volonté».
Les deux Premiers ministres procèderont à un bilan circonstancié des avancées de ce partenariat et ouvriront de nouvelles perspectives pour l’année 2014. Ainsi, les conclusions du Comité mixte économique algéro-français (Comefa) qui a tenu le 28 novembre sa première réunion à Paris, à l’échelle ministérielle, ont permis de préparer le volet économique de la réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau ce lundi à Alger. Le Comefa pilote la relation économique entre la France et l’Algérie et assure le suivi des projets économiques et commerciaux. Il a été mis en place en mai 2013 à Alger par Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, et Cherif Rahmani, alors ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, en tant que mécanisme de renforcement du partenariat industriel, notamment dans les filières bâtiment, construction d’infrastructures, automobile, mécanique, agroalimentaire, pharmaceutique, équipements de santé, des secteurs considérés comme prioritaires. Si la visite du Premier ministre français à Alger et Oran revêt un caractère principalement économique – avec une forte délégation de chefs d’entreprise conduite par le président du Medef international, Jean Burelle – elle comporte également un volet humain dans toutes ses dimensions (formation professionnelle, circulation entre les deux pays, échanges scientifiques et techniques…) et diplomatique. La réunion de travail entre les deux ministres des Affaires étrangères, Laurent Fabius et Ramtane Lamamra, le 4 décembre à Paris, a permis de passer en revue l’ensemble des dossiers qui seront soumis aux deux chefs de gouvernement. Pas de sujet tabou, pas de sujet qui fâche, même les sujets difficiles comme l’indemnisation des victimes des essais nucléaires ont été abordés par les deux ministres. Des dossiers délicats ou soumis à arbitrage restent à finaliser, mais l’esprit étant de les faire aboutir.  Pour la première fois, des responsables consulaires algériens et des responsables préfectoraux français d’Ile-de-France ont tenu des réunions pour la facilitation des démarches de ressortissants algériens inscrits au séjour. Ces réunions se poursuivront à Lyon et Marseille. C’est là une «preuve concrète» de ce «nouvel esprit», indique-t-on de source autorisée algérienne.

Des différences, voire des nuances

Parmi les dossiers sensibles figure la question des archives portant sur l’époque coloniale que réclame l’Algérie. Le gouvernement algérien veut, par ailleurs, récupérer certaines œuvres d’art qui relèvent du patrimoine national. S’agissant de l’Accord de 1968 sur la circulation et le séjour des Algériens en France, la partie algérienne a obtenu qu’il ne fasse pas l’objet de nouveaux amendements, comme le réclamait la précédente majorité française pour qu’il soit aligné sur le droit commun. Cet accord, propre aux Algériens, relève de la spécificité historique algéro-française. Il y a aussi le volet diplomatique et sécuritaire régional et, plus largement international, qui était et continue à être au centre d’échanges de vue bilatéraux à différents niveaux ; il le sera, notamment, entre les deux Premiers ministres en Algérie. Des divergences existent entre Alger et Paris, notamment en matière de résolution du problème de décolonisation du Sahara occidental ou de la crise syrienne, pour ne citer que ces deux sujets. «Ce n’est pas parce qu’on est partenaires et qu’on veut construire des relations solides et durables que nous sommes d’accord sur tout. Il y aura des différences et quand on aura surmonté beaucoup de différences, il restera des nuances», souligne-t-on de source autorisée algérienne.

EL WATAN

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