Le nouveau maire élu de New York Bill de Blasio a promis mercredi de «rectifier les inégalités», après avoir offert à la gauche une victoire historique dans la plus grande ville des Etats-Unis, du jamais vu depuis presque 30 ans. Bill de Blasio, qui prendra ses fonctions le 1er janvier, a remporté plus de 73% des suffrages, contre 24% à son adversaire républicain Joe Lhota, témoignant de l’aspiration au changement des électeurs, après 12 ans de Michael Bloomberg, un milliardaire indépendant à la poigne de fer.

Aucun maire démocrate n’avait été élu à New York depuis David Dinkins en 1989, et il faut remonter au démocrate Edward Koch en 1985, pour une victoire d’une telle ampleur - mais il s’agissait alors d’une réélection. Bill de Blasio, 52 ans, jusqu’à présent médiateur de la ville, l’a emporté très largement dans tous les arrondissements de New York, à l’exception du fief républicain de Staten island.
Dans sa première conférence de presse en tant que maire élu, ce géant d’1m95 quasi inconnu il y a six mois, marié à une Afro-américaine très présente durant sa campagne, a souligné que sa victoire massive lui donnait un «mandat clair», pour «rectifier les inégalités» dans une ville où «la prospérité», a-t-il dit, doit être «partagée».
Et après avoir rencontré dans la matinée Michael Bloomberg, il s’est engagé à faire de son administration le reflet de la diversité de New York, «qui est notre plus grande force», et à être le maire de tous les arrondissements, évoquant la «mission sacrée de servir» ceux qui l’ont élu. Il a d’ailleurs parlé brièvement en espagnol, pour témoigner de son souci de n’oublier personne. New York compte plus de 2 millions d’Hispaniques.

Plus pragmatique qu’il n’y paraît

Déterminé à être l’homme du «changement progressiste», Bill de Blasio avait fait campagne avec des idées résolument à gauche, promettant de taxer davantage les plus riches pour financer l’école maternelle pour tous les enfants à partir de 4 ans, dénonçant au quotidien les inégalités vertigineuses à New York, où vivent quelque 400.000 millionnaires mais où 21% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Il a aussi promis de changer le chef de la police, dénonçant la pratique du «stop and frisk» - les fouilles impromptues de piétons - ciblant massivement les jeunes noirs et hispaniques.
«Nous devons désormais mettre en place cette vision», a-t-il dit mercredi, insistant également sur «la sécurité et la santé», deux des points forts du bilan de Michael Bloomberg. L’espérance de vie a augmenté de deux ans et demi ces 12 dernières années à New York, et la criminalité y est au plus bas depuis 50 ans. L’adversaire républicain de Bill de Blasio avait durant la campagne prédit un retour à des jours sombres, si celui-ci était élu.
A l’inverse de Michael Bloomberg qui avait ordonné à la police de disperser leur camp de tentes, Bill de Blasio, sympathisant sandiniste dans sa jeunesse, avait en 2011 soutenu le mouvement Occupy Wall Street. Récemment, il avait également apporté son soutien aux employés des fast food demandant des augmentations de salaire. Dans sa longue conférence de presse, rompant avec la minutie pressée de Michael Bloomberg, il a répété sa détermination à lutter contre les inégalités, mais souligné qu’il fallait être réaliste et que «cela prendra(it) du temps».
«Il semble plus pragmatique que beaucoup de personne ne le pensent», a commenté Steven Brams, expert en politique de l’université de New York. «Il veut parvenir à des accords. Il l’a montré dans le passé, et je pense qu’il y aura des compromis de sa part pour faire avancer sa politique. Je ne pense pas qu’il y aura un changement radical», a ajouté cet expert.
AFP