mardi 15 octobre 2013

Sihem Souid : Samia Ghali et le racisme des élites socialistes

Samia Ghali, en tête du premier tour de la primaire socialiste à Marseille, déplaît aux caciques du parti.

Qu'une femme d'origine algérienne et populaire réussisse par les urnes, non par des faveurs, voilà qui défrise la Rue de Solférino. Sihem Souid s'insurge.

Il paraît que Samia Ghali a gagné la primaire PS à Marseille grâce aux quartiers nord. Elle serait la candidate des Arabes. Voilà ce que nous apprennent mes amis socialistes, surtout les mauvais perdants. Drôle de raisonnement ! À ce compte-là, François Hollande était le candidat des gros, c'est pour ça qu'il a gagné. Marine Le Pen est la candidate des racistes. Elle ne gagnera donc jamais les élections, y'aura toujours plus d'Arabes que de racistes ! Du moins, on l'espère.
Bizarre, le procès fait à la sénatrice socialiste. Elle a osé battre la favorite de l'Élysée, et depuis c'est l'hallali. Harlem Désir, l'ancien président fondateur de SOS Racisme devenu premier secrétaire du PS, voit pourtant trente ans de militantisme en faveur de la diversité se concrétiser. Une militante socialiste d'origine algérienne réussit à s'imposer grâce au suffrage populaire. Elle n'est ni parrainée ni choyée par le président de la République, ni nommée comme le furent Rachida Dati ou Rama Yade. Sa légitimité, elle l'a gagnée dans les urnes.

Un hiatus entre le peuple et Solférino

Qu'est-ce qui dérange donc tant les apparatchiks de la Rue de Solférino et leur double au gouvernement ? On a quelqu'un qui vient d'un milieu populaire et qui est choisi bien au-delà de sa classe sociale - je sais, c'est un gros mot - pour représenter le Parti socialiste dans la deuxième ville de France. Quel(le) autre candidat(e) est arrivé(e) à se hisser en première ligne sans caresser la trompe d'un éléphant socialiste ?
Il y a décidément un hiatus entre les fils à papa qui militent Rue de Solférino ou qui trustent les fonctions gouvernementales et les milieux populaires. Pourquoi est-on de gauche au fait ? Alors que dès qu'on gagne, on est suspect. Et encore, Samia a la chance d'être une femme, si elle s'était appelée Mohamed, personne n'aurait hésité à fouiller son casier judiciaire ou à lui trouver une pilosité suspecte, celle que cache l'intégriste musulman tapi dans l'ombre et qui, comme chacun sait, veut renverser la République.
Jusqu'à quand faudra-t-il écrire des chroniques pour s'indigner du comportement raciste de nos élites qui croient qu'elles seules sont légitimes pour exercer le pouvoir. Et que tous les autres sont des usurpateurs... Jusqu'à quand ?

Le Point
Sihem Souid

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