samedi 19 octobre 2013

Marseille: l'indomptable Ghali face à Mennucci... et tous les autres




.La sénatrice socialiste Samia Ghali distribue des tracs à des habitants de Marseille, entre les deux tours de la primaire socialiste, le 15 octobre 2013
 
Après un premier tour mouvementé, le combat entre Samia Ghali et Patrick Mennucci, les deux finalistes de la primaire socialiste à Marseille, a tourné cette semaine à l'avantage du député, après le ralliement de trois candidats à sa cause pour le second tour dimanche.
"Il a rassemblé des élus, moi je rassemble des Marseillais", rétorque la sénatrice de 45 ans qui a créé la surprise en devançant ses adversaires (25,25%) et vit la situation comme une "injustice".
"Les accords de boutiquiers", les "petits arrangements entre amis", "c'est justement ce que détestent tous les Français", ne cesse-t-elle de répéter dans cet entre-deux tours volcanique, où les propos se font durs, augurant d'un lendemain de scrutin compliqué pour les socialistes marseillais.
Dans sa ligne de mire, l'accord entre le président de la communauté urbaine, Eugène Caselli (16,57%), et Patrick Mennucci (20,65%), alors que les deux hommes n'avaient pas manqué de s'invectiver ces derniers mois, le premier lançant même que le second ne serait "jamais maire de Marseille" sur fond de polémique sur l'influence du syndicat FO. "Un excès de langage", a minimisé Caselli mercredi.
"Eugène Caselli exécute les ordres reçus par Matignon", estime pour sa part Samia Ghali, accusant son adversaire d'être "le candidat de Paris", quand elle-même ne cesse d'étriller le gouvernement, un argument qui fait mouche dans une ville très fière de son identité.
Dès le soir du premier tour, Patrick Mennucci, 58 ans, avait reçu le soutien de la ministre Marie-Arlette Carlotti (19,52%) et du dernier de la course, Henri Jibrayel (3,71%). Seule exception, le conseiller général Christophe Masse (14,29%) n'a pas donné de consigne de vote.
 
 
Bertrand Langlois/AFP
Le député socialiste Patrick Mennucci et la ministre Marie-Arlette Carlotti rencontrent des habitants de Marseille, le 14 octobre 2013, entre les deux tours de la primaire socialiste
 

Un front commun pour "tourner la page du système de Jean-Noël Guérini", l'ancien homme fort du PS dont Samia Ghali est présentée comme une héritière. Ses pratiques jugées "clientélistes" ont d'ailleurs été au coeur du premier tour, Mme Carlotti évoquant même une "organisation paramilitaire", avec "des dizaines de minibus sillonnant la ville" et "des échanges d'argent".
La maire des quartiers Nord "assume" les minibus et a prévenu: elle fera de même dimanche faute de transports en commun suffisants. Après les tensions et dysfonctionnements du premier tour, la Haute autorité des primaires (HAP) a tout de même rappelé les règles de bonne conduite, notamment l'interdiction de prendre la parole le jour du vote et la nécessité de "la plus stricte neutralité" pour "tout transport en bus ou covoiturage des électeurs".
Une candidate de la "rupture"
Depuis lundi, les deux candidats ont sillonné la ville, de sorties d'écoles en visites de quartiers, M. Mennucci s'affichant avec ses nouveaux soutiens et Mme Ghali tentant de combler son retard dans le sud.
Dans l'arène, deux fortes personnalités. Tous deux nés dans des quartiers populaires et issus d'une famille d'immigrés, venus d'Italie ou d'Algérie, tous deux maires de secteur, ils baignent dans la politique depuis leur plus jeune âge.
Lui, géant à l'accent rocailleux, est au conseil municipal le meneur de l'opposition face au maire sortant, Jean-Claude Gaudin (UMP), 74 ans et premier édile depuis 18 ans, dont il partage la faconde. Ce diplômé de Sciences Po, perçu par les sympathisants de gauche comme le plus à même de pouvoir ravir la mairie à la droite selon un sondage, se réclame d'une fine connaissance des dossiers et d'un programme "cohérent" et "financé".
Elle, l'indomptable brune, joue la carte du peuple face aux manoeuvres d'appareil et aux "technocrates". Dotée d'un bel aplomb, elle préfère aux questions de fond le registre de l'émotion, après une enfance "de misère" dans des cités difficiles.
"Samia Ghali se situe en rupture à la fois vis-à-vis du système du PS et sociologiquement" de par son parcours, par rapport à "un Patrick Mennucci qui incarne le politicien français moyen", bien introduit dans les instances du parti, relève Gilles Ivaldi, chercheur au CNRS, évoquant de nombreuses similitudes avec le parcours présidentiel de Ségolène Royal.
"Tout l'enjeu est de voir si elle va pouvoir élargir son audience au second tour. Cela paraît compliqué, d'autant plus qu'elle fait face à une coalition", note-t-il.

AFP


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