mercredi 16 octobre 2013

DES MARSEILLAIS SE SOUVIENNENT DE LA MARCHE POUR L’EGALITÉ



Ils partirent à 32 de Marseille, à pied, le 15 octobre 1983 ; ils furent 60 000 à l’arrivée à Paris, le 3 décembre. La Marche pour l’Egalité, dite aussi Marche des Beurs,  fut la première manifestation nationale du genre en France. Trente ans après qu’en reste-t-il ? Des Marseillais issus de l’immigration maghrébine se sont posés publiquement la question, lundi soir, au Salon El Casbah du boulevard Dugommier (1er).  « La seule chose qu’on a gagnée, c’est SOS Racisme, dira Ali Bouali, de l’association 1,2,3, aussitôt corrigé par un ancien, présent au départ de la marche, Lounes Abdoun :« Il n’y a plus ces ratonnades et ces crimes racistes qui étaient à l’origine de la protestation. »
Des Marseillais se souviennent de la Marche pour l'égalité
Minute de silence à la mémoire de ceux qui décédèrent pendant la Marche de 1983. Lounes Abdoun, au premier plan, était des 32 qui partirent de Marseille
 
Les bénéfices apparaissent néanmoins bien minces. Les présents reprochent au Parti socialiste d’avoir récupéré le mouvement sans vraiment répondre à son appel. Et au journal Libération de l’avoir ethnicisé. « La Marche exprimait un ras l’ bol social, ce n’était pas une histoire de Beurs ».

Aujourd’hui« la quatrième génération » ne marchera pas. Mais « dans les colonies des banlieues des grandes villes, dans les cités marseillaises », elle vit mal le racisme latent qui lui barre la porte de l’emploi.« J’ai un doctorat marocain de psychologie, témoigne l’un, et un super boulot: je suis au RSA ». Un autre prend la parole : « En France, vous avez tous les droits mais on ne vous donne rien. »
 confrontation de la mémoire et de la réalité d’aujourd’hui charrie une vague épaisse d’amertume et de désillusion. On se lève pour une minute d’un silence grave en souvenir de ceux qui décédèrent durant la marche, puis les échanges reprennent, toujours animés par Bechir Mhedhebi, de la Ligue des droits de l’Homme. « J’ai quatre enfants, je suis ici chez moi, affirme Nora Akhazzane, de la Maison de l’Algérie. On vient tous de quelque part. La solution à nos problèmes est politique. Notre force, c’est la citoyenneté et la République. »

Des Marseillais se souviennent de la Marche pour l'égalité
Mehdi, une voix un talent. Près de lui, Nora et Ali, l'un des organisateurs de la soirée
On ne trouvera pas ce soir la solution à l’intégration ratée de plusieurs millions de personnes mais les présents « ne veulent pas être pessimistes ». Au final, l’assistance semble se mettre d’accord sur cette formule avant de prendre le verre de l’amitié et de se disperser : « On a avancé mais il faut aller plus loin et faire le chemin sans les politiques. »

Et pour montrer que les enfants de l’immigration ne sont pas les mains vides à la porte de ce pays qu’ils voudraient tant chérir, Mehdi, s’empare du micro. On est bien en France où tout finit pas des chansons. Et ce garçon de 18 ans a une voix et un vrai talent.
Des Marseillais se souviennent de la Marche pour l'égalité
Les organisateurs de la soirée. Au premier plan, Bechir Mhedhebi, de la Ligue des droits de l'Homme
Le Meilleur de Marseille
 
 
 

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